A Potosí, nous avons fait le choix de ne pas aller y visiter les mines d’argent, et préféré faire uniquement un tour dans les petites rues et églises de la ville. Nous ne sommes pas restés bien longtemps, notamment parce que nous voulions être à Sucre dès le samedi soir, pour pouvoir nous rendre au fameux marché de Tarabuco le dimanche matin.
La réputation du village ne vient pas uniquement du marché. Carnaval, instruments de musique, danses, tissus…de la culture « Tarabuco » font sa renommée. Nous n’avons eu qu’un aperçu, mais le marché dominical est tout de même très impressionant. Dans les petites rues, les locaux comme les touristes s’entassent, se bousculent, négocient autour des étals bourrés de marchandises diverses et variées.
Changement de décor quand nous remettons les pieds à Sucre. Si on s’en tient à l’architecture, les murs blancs, les toits en tuiles, les balcons sculptés en bois, tout cela donne la vague impression d’avoir fait un bond dans le temps, à l’époque de la colonisation espagnole. De nombreuses églises et couvents sont répartis dans la ville, certaines n’offrant pas forcément la visite intérieure du lieu, mais…des toits! La vue est magnifique et permet d’apercevoir les cours intérieures des bâtiments, constructions typiquement à l’espagnole, ainsi que les montagnes alentours.
Les randonnées ne manquent pas autour de Sucre, mais pour toutes, il nous est indiqué de passer par une agence. Toutes? Non. Une irréductible petite rando, résiste à l’envahisseur des agences touristiques, et reste accessible en transports en commun. Et quel transport…
Nous nous rendons donc au lieu de départ pour l’acheminement vers les villages autour du « cratère de Maragua ». Un bus et deux camions sont garés. On nous indique que pour notre destination, se sera le camion. Ah mais ne vous attendez pas à ce qu’on soit sur des sièges, non non non. Les camions sont plutôt du type camion à bestiaux! Nous grimpons par la petite échelle pour entrer dans la grande benne en bois. Des planches transversales sont installées pour faire des sièges, ou se mettre debout, en se tenant aux barres métalliques qui quadrillent le haut. Nous sommes arrivés « un peu » en avance, observant la benne se remplir pendant trois heures, d’une quarantaine de personnes de tout âge, de sacs de condiments, baluchons, planches en bois et autres marchandises. Nous avons le plaisir de nous retrouver à coté de la famille Bidochon de Bolivie avec des enfants qui crient, ruminent des chewing-gums la bouche ouverte, se renversent du soda dessus, se tapent, pleurent et une mère qui s’en fout. Cette charmante famille est bien sûr arrivée dans les derniers, et avait nombre de sacs. Vas-y que je déplace tout le monde! Et pour finir…on a aussi des vélos! Une fois que nous avons eu chargé tout et n’importe qui, le camion démarre, et part…en marche arrière. Mais qu’est ce qu’il fait celui-ci? C’est que nous avions oublié un passager, qui n’a d’ailleurs pas du tout envie de venir! Voilà qu’il faut charger…un âne! Pas de bol pour nous, nous étions à l’arrière, et nous retrouvons juste à côté. Le véhicule part (enfin), et il ne faut pas plus de deux minutes avant que ce que nous craignions arriva, le charmant bourrin trouve bon de nous faire la grosse commission! Voyons le coté positif des choses, l’avantage, c’est que le transport est aéré! Comme on lui a trouvé quelques ressemblances avec l’âne de Shrek, on vous a mis la musique du film en bande-son!
La route asphaltée de la ville laisse place à des pavés, puis nous enchaînons sur une longue piste sinueuse. On nous dépose à notre départ de marche. Nous marchons un petit moment, puis après avoir aidé une voiture à se dégager de la boue, on nous propose de monter. Les nuages et l’orage approchent, nous acceptons et découvrons que nous sommes dans une voiture anglaise, mais dont les pédales et volants ont été déplacés à gauche! Ces trajets sont surprenants, n’est-il pas? Nous arrivons au village de Maragua, situé au coeur d’un cratère, curiosité géologique non pas formée par une éruption ou au autre phénomene volcanique, mais fruit du travail de la techtonique des plaques. Il nous faut attendre le passage de la pluie pour aller découvrir la « Gorge du diable » et prendre de la hauteur pour admirer le lieu.
Dans notre petit logement d’une nuit, nous faisons la connaissance d’un couple suisso-brésilien, Joëlle et Jorge, avec qui nous partons marcher le lendemain, direction le village de Potolo. Les indications étant assez approximatives en Bolivie, nous avons fait un petit détour, et du couper à travers champs avant de retrouver le bon chemin. Tout au long du trajet, nous sommes surpris de rencontrer des roches multicolores. Les montagnes avoisinantes sont marquées par des plissements, des failles. La géologie a vraiment fait un curieux mais magnifique travail dans cette contrée.
Nous trouvons un minibus pour redescendre à Sucre, comme toujours plein à craquer. Nous reprenons la fameuse piste en sens inverse, jusqu’à ce que…deux tuyaux pètent dans le moteur, dont celui du liquide de refroidissemnt. Tout le monde descend, quelques hommes aident le chauffeur à démonter les sièges avant (oui, c’est là que se trouve le moteur!) et cherchent à comprendre la panne. Là nous avons compris pourquoi il y a tant de détritus sur le bord des routes! Ce n’est pas parce que les gens n’ont pas le réflexe de jeter à la poubelle, non, c’est pour avoir du matériel à approximité en cas de panne! Une bouteille plastique, un morceau de fil de fer, du caoutchouc et voilà les tuyaux raffistolés en une heure de temps! Plus rapide que chez le garagiste!
L’aventure c’est l’aventure!